Départ ce matin pour Canyonlands National Park. En embarquant mon vélo dans le VUS, je m'aperçois que j'ai une crevaison. Je le monte donc à la chambre, puisqu'il est tout propre pour changer la chambre à air. En quittant je me rends chez Poison Spider Bike Shop pour acheter deux autres chambres à air, juste au cas.
Donc, pour se rendre à Canyonlands, il faut parcourir quelques 60km jusqu'à l'entrée du parc situé sur la route Grand View Point. L'entrée payante au parc est pour 7 jours. L'accès inclus le secteur Needles à 120km au sud de Moab.
En arrivant, la température n'est pas plus de 2C. Au loin, il neige toujours sur La Sal Mountains. Le temps est couvert et très très venteux.
Je commence par visiter en VUS le parc. La Shafer Trail Overlook sera mon premier arrêt. La vue plongeante sur la Shafer Trail peut donner le vertige à certains. Moi, plus je la regarde, plus je me dis que je dois la monter. C'est très venteux et en demandant plus tôt au Visitor Center, je n'ai pas besoin de permis si c'est pour ne rouler en MTB que les 10 premiers kilomètres. Au-delà de cette distance, un permis est nécessaire, que ce soit en MTB, en 4x4 ou même à pied.
Je poursuis donc la route en voiture vers Mesa Arch. Arrivé au petit stationnement, il faut parcourir un sentier pour joindre l'arche. Par beau temps ou avec le coucher du soleil, l'endroit doit être magnifique pour faire de la photographie. Mais puisque dame nature n'est pas généreuse depuis mon arrivée à Moab, on fait avec ce que l'on a. Photos et je poursuis ma route vers le prochain arrêt.
La route du parc est située à quelques 1800 mètres d'altitude. Donc à chaque arrêt, la vue sur les canyons est impressionnante. Prochain arrêt, Grand View Point Overlook. Contrairement aux premiers arrêts, celui-ci est aménagé pour l'accessibilité universelle. Le point de vue est grandiose sur le Colorado plus bas, et Needles au loin, que je compte visiter en MTB lundi sur la route vers Monument Valley.
Dans le secteur de Grand View Point Overlook, au lieu de déplacer la voiture, je le fais en vélo pour admirer le paysage. Il faut demeurer prudent, le vent souffle dangereusement que ce soit sur la route ou près du vide.
Sur le chemin du retour, arrêt à White Rim Overlook. Ah oui, j'oubliais. Les stationnements sont déserts sauf celui de Mesa Arch. Il faut dire que certains ne comptent qu'une douzaine de places, pas plus. Donc j'arrive au White Rim Overlook et je suis seul. Le froid et l'exposition aux grands vents en ont découragé plus d'un. Pour ceux qui ont peur du vide ou ont le vertige, j'avoue que les vents forts n'ont rien de sécurisant.
En reprenant la route vers l'ouest, prochain arrêt à Green River Overlook. Du côté de Grand View Point Overlook, on peut voir au loin la jonction entre la rivière Colorado et la rivière Green, jonction qui se trouve dans le secteur Needles du parc. De Green River Overlook, on y voit dans un profond canyon la rivière Green naturellement.
Après avoir marché au froid et aux grands vents. Il faut trouver une façon de se réchauffer. Je retourne au Visitor Center pour demander l'état de la Shafer Trail, c'est à dire si elle est praticable en MTB avec les grands vents. La dame me dit que la Shafer est toujours dangereuse, même en 4x4. Il y a régulièrement des éboulis. Elle veut se rassurer que je ne descendrais pas plus que les 10 premiers kilomètres, sinon, je dois payer pour un permis et donner mon itinéraire. Je la rassure, par ce temps, je ne fais qu'un aller-retour pour me réchauffer et prendre des photos. Je lui dis qu'en théorie, ça me prendra au moins une heure pour remonter.
Je me stationne donc à l'embranchement de la Shafer Trail et de la route principale du parc. Prenant mon courage à deux mains et sur deux roues, je descends. Ça c'est la partie la plus facile, mais aussi la plus effrayante. Effrayante parce que le vide est tout près et que les vents soufflent très fort. À deux endroits, le sol est aussi mou que sur une plage. Quelques motocross et deux 4x4 croiseront ma route. Trop facile pour eux qui remontent.
Arrêté pour prendre des photos, je mets ma main dans mon sac à dos pour prendre mon drone. Deux jeunes femmes s'arrêtent derrière moi en pick-up. En me retournant, il s'agit des Rangers du Parc. Je lâche mon drone dans mon sac, il est interdit d'utiliser un drone dans les parcs nationaux. Et s'il y a une place pour tenter le coup, c'est bien dans la Shafer Trail pour son point de vue. D'ailleurs l'endroit où je me suis arrêté est à l'abri des vents forts.
L'une me demande si je compte faire la totale, soit la White Rim Trail de 160km. Avec mon petit sac à dos journalier, je serai bien mal équipé. Je réponds que je ne veux que faire la montée, mais que je dois descendre avant. Elle me répond d'être prudent, de me méfier des rafales de vents et d'en profiter. Je continu ma descendre en gardant toujours un oeil sur la paroi au-dessus de ma tête au cas d'une chute d'un gros caillou.
Je poursuis donc ma descendre. Aux endroits étroits, les vents sont effrayants. À mi-chemin, photos et je décide de remonter. J'ai oublié mon sandwich dans l'auto et j'ai déjà un bon creux. Il est plus de 14h. La montée complète représente moins de 400 mètres, sauf si je poursuis au-delà du 10km autorisé. Il ne restait que 4 virages sur la quinzaine au total. Je décide de remonter. Ce sera moins effrayant puisqu'on regarde toujours devant soi, pas du côté du vide. Mais le vent souffle aussi à contre sens, ça ajoute un coefficient de difficulté avec une pente entre 5 et 20%. Mais j'aime grimper, donc c'est de la petite bière pour moi.
Arrivé au 3/4 de ma remontée, un petit groupe décide de faire de la photo sur une roche dans le vide. Les vélos y sont et eux, sur leur vélo. Ça manque terriblement de jugement et il faut être totalement inconscient par cette journée de grands vents. Si l'un perd pied dans le mauvais sens, les deux autres suivent, et rien n'arrête la chute, pas même le vide.
Passons. Une fois le groupe parti faire des folies plus bas, à mon tour de faire le clown dans le vide. Ben non, ce n'est pas pour moi. Je ressors mon drone pour faire quelques photos. La première photo est la plus simple. Le drone fait un vol stationnaire à 6 pieds du sol et clic. Pour la seconde photo, j'envoie mon drone dans le vide, et en un instant, un vent ascendant le tire vers le haut sur plusieurs mètres. Clic et je le récupère rapidement. Chanceux que ce ne soit pas un vent descendant, j'aurais perdu mon petit gadget.
Je tente à nouveau le coup pour un court film mais les vents font danser mon drone tout bord tout côté. Je le récupère et je poursuis ma montée avant que les Rangers du parc redescendent. Trop venteux. Même les oiseaux demeurent dans leur nid.
Après la visite de Canyonlands à geler et à se faire décoiffer même avec ma tuque, aujourd'hui est la seule occasion pour aller voir Delicate Arch en fin de journée. Le ciel devrait se dégager. Direction Arches National Park pour une dernière visite.
J'entre dans le parc passé 16h. Les guérites sont ouvertes et il n'en coûte rien à ceux qui n'y sont pas déjà venus plus tôt. Moi j'ai mon accès 7 jours, mais bon. Il faut parcourir près de 20km entre 30mph à 45mph suivant les secteurs.
Un Ranger qui me suit (je l'ignorais jusqu'à temps qu'il se découvre) allume ses gyrophares lorsque je roule dans la très grande descente avant l'intersection qui bifurque vers le stationnement de Delicate Arch. Oups. Il n'y a aucune place sur le bas-côté de la route pour arrêter, donc je continu jusqu'à destination. J'accélère le pas, au pire, il me fera signe. Arrivé à destination il me demande si je sais à quelle vitesse je roulais, je réponds en français que je ne comprenais pas ce qu'il dit (c'est un truc, il y en a d'autres qui pleurent...), il m'a laissé partir. Au fait, je n'ai pas accéléré le pas, pas fou le gars, j'ignore leur autorité à savoir s'ils peuvent donner des contraventions. Ils peuvent certainement m'escorter hors du parc s'ils le veulent.
Pour la petite histoire, j'ai actionné le cruise control du gros VUS Ford quand j'ai vu les gyrophares. Imaginez, ça tient même pas la vitesse. Dans la très grande pente, j'ai ralenti, actionné le cruise à 45mph, et le VUS a pris de la vitesse jusqu'à 56mph avant que je refreine à nouveau. Le gros V8 n'est même pas capable de respecter sa limite de vitesse forcée. La seule qualité que je trouve à ce gros VUS, c'est qu'il est assez gros pour mettre 2 MTB à l'intérieur. Le reste, aucun commentaire.
J'arrive donc à destination vers 17h et je m'empresse à prendre le sentier. Il faut marcher quelques 3km tout en ascension avec un dénivelé de 200 mètres. Sur ma montée, je réalise que je porte une charge en trop. Je suis naturellement parti avec mon sac à dos et mes milliers de kilo d'équipements électroniques, mais aussi avec deux chambres à air, mes outils de vélo et deux vestes. Seule ma grosse veste de ski de fond a été utile au sommet. L'arche est exposé au grand vent glacial. Je comprends maintenant pourquoi la nature sculpte d'aussi grandes arches. Ça prend du vent, du vent à écorner un boeuf. Bref, je traine trop de surcharge quand je quitte en vitesse.
Le sentier semble aménagé pour les moins habitués aux randonnées. Les 200 premiers mètres sont en ciment et terre solidement battu. Après ça se corse, pour les moins habitués, naturellement. On reconnait facilement les vrais touristes dans les sentiers: gougounes pour faire de la randonnée, souliers en cuir italien pour messieurs qui arrivent certainement de l'aéroport, bottes hautes en cuir à talon aiguille pour madame qui se croit dans un bar branché. Sans commentaire.
La montée se poursuit sur une pente raide sur une surface rocheuse et très accidentée par endroits. Arrivé au sommet, il y a un petit passage dans le vide et il faut garder l'équilibre pour lutter contre le vent qui lui poursuit son travail de sculpteur.
L'arche se présente finalement sous mes yeux. Il faut redescendre vers elle pour prendre des photos. Plusieurs innocents font des niaiseries devant l'arche et ceci déplait aux passionné(e)s de la photographie qui attendent le moment magique pour immortaliser l'arche. Je me rapproche, clic et je vais m'installer plus haut dans l'amphithéâtre naturel pour attendre le coucher du soleil. À plusieurs reprises, ça cri bouuu quand les nuages découvrent le soleil et qu'il y a du monde sous l'arche. J'avais envie de dire à certains d'utiliser Photoshop pour retirer les imbéciles au lieu de crier après eux. J'attends donc plus d'une heure au grand vent à me faire geler, comme tout le monde.
Je réfléchi à mes options. Attendre encore deux heures pour avoir LA photo avec l'arche orangée avec le dernier rayon de soleil, on bien commencer ma descente pour voir le reste du parc en soirée. C'est le seul soir où Moab est sous un ciel bleu, et le dernier soir dont l'accès au parc est permit en soirée.
Donc, au lieu d'attendre encore 1h30, et d'entendre les uns chialer après les autres qui font des singeries sous l'arche, je redescends. Petit arrêt à Balanced Rock, et photos variés le long du chemin du retour.
Retour à la civilisation vers 20h30. Depuis deux soirs, la rue principale est envahie par les locaux installés sur des chaises de patio sur les trottoirs ou dans les boites de pick-up pour regarder défiler les hot rods qui crissent les pneus ou font hurler leur moteur aller-retour. La rue principale étant très courte, ils repassent et repassent pour brûler de l'essence et faire du bruit.
Ces deux dernières nuits ont été bruyantes. Demain, on ajuste ses plans en fonction de la météo.
Matin et soir, je fredonne la même chanson...
Y a ti d'l'eau chaud icit, y a ti d'l'eau chaud icit
Si ya pas d'eau chaud icit, on s'en va tout d'icit
Y a ti d'l'eau chaud icit, y a ti d'l'eau chaud icit
Si ya pas d'eau chaud icit, on s'en va tout d'icit
Il est des nôtres, il a pris une douche froide comme les autres 😎